Que faire lorsque mon cheval mâle me mord? C’est une question que se posent beaucoup de propriétaires de chevaux. Lorsque mon cheval tente de me mordre, comment puis-je stopper ce comportement dont je ne veux pas ? Nous avons imaginé une quantité de gestes pour y parvenir : repousser le cheval, lui pincer le nez, lui mordre l’oreille… Cependant ces stratégies sont rarement efficaces. Nous nous intéresserons dans cet article aux théories de l’apprentissage et aux besoins fondamentaux de nos équidés pour apporter quelques pistes de réflexion sur ce comportement.

Pourquoi mon cheval tente-il de me mordre ? Pour répondre à cette question, nous nous pencherons sur l’environnement du cheval. Dans quel environnement le cheval évolue-t-il ? Cet environnement tient-il compte de ses besoins fondamentaux? Le jeune cheval a-t-il accès à d’autres congénères mâles ? En effet, en groupe, le cheval pourra s’adonner à des jeux, et notamment à des simulacres de combat tels qu’il pourrait le faire en totale liberté. S’il n’a pas accès à des moments de pleine liberté de mouvements avec d’autres chevaux mâles, jeunes ou un peu plus âgés, le cheval pourrait reporter ce comportement, simulant ces jeux de combat avec un autre partenaire, en l’occurrence l’humain. Une solution pour que le comportement disparaisse serait donc de lui permettre de vivre avec d’autres mâles.

mon cheval mord

Une seconde piste nous amène à nous questionner sur l’apprentissage. Quelle est notre réaction lorsque le cheval nous mord ? Involontairement, cette réaction face à la proposition du cheval va conditionner un comportement. Rappelons-nous brièvement les théories de l’apprentissage : nous utilisons deux grands types de conditionnements en équitation : le conditionnement classique (Pavlov) et le conditionnement opérant (Skinner). C’est ce deuxième qui intervient dans ce cas précis parce qu’il aborde les notions de renforcement et de punition. Un renforcement est employé pour tenter d’augmenter l’apparition d’un comportement désiré. La punition est utilisée pour tenter d’éliminer un comportement non souhaité. Suivant les termes scientifiques, ces renforcements et punitions peuvent être positifs ou négatifs. Ces termes ne doivent pas ici être assimilé à une notion de bien ou de mal. Le terme « positif » signifie que l’on va ajouter quelque chose à une situation tandis que le terme « négatif » désigne la soustraction d’une composante à une situation. En croisant ces données, nous comprenons que

    • Un renforcement positif signifie qu’on va ajouter quelque chose d’agréable pour le cheval. (ex : de la nourriture, une caresse…)
    • Un renforcement négatif signifie qu’on va retirer quelque chose de désagréable pour le cheval. (ex : céder, enlever une pression)
    • Une punition positive signifie qu’on va ajouter quelque chose de désagréable pour le cheval (ex : donner une claque, utiliser une cravache…)
    • Une punition négative signifie qu’on va enlever quelque chose d’agréable pour le cheval. (ex : la nourriture).

    Dans notre éducation du cheval, il est important de faire la distinction entre ces 4 notions.

    mon cheval mord

    Dans notre situation du cheval qui mord, nous tentons souvent de corriger le cheval (repousser, le pincer, le mordre…). Nous pensons donc utiliser la punition positive en ajoutant quelque chose qui nous semble désagréable Pourtant, nous observons souvent ensuite que le comportement du cheval continue, voire augmente. La raison en est que le cheval n’a pas compris notre intention et que nous avons en réalité exercé un renforcement positif sur son comportement. En effet, entre équidés, dans le contexte d’un jeune cheval mâle qui a envie de jouer, l’un va vers un autre, commence à jouer, mordiller, et l’autre, qu’il ait envie de jouer ou non, finira par répondre et les deux joueront alors ensemble. Par transposition, lorsque notre cheval vient tenter de nous mordre, notre réaction tend donc en fait  à lui confirmer que nous sommes d’accord de jouer avec lui. Et plus nous reproduirons ce schéma, plus le cheval sera en réalité content d’avoir un partenaire de jeu.

    Le cheval nous comprendra mieux si nous sommes clairs dans notre attitude envers lui. Ainsi, si nous voulons vraiment utiliser la punition positive, cela fonctionnera mieux, par exemple, de donner une grosse claque au cheval, bien que cela soit peut être plus difficile à envisager et à exécuter pour nous.

    La punition positive est toutefois délicate à utiliser parce que nous n’avons pas de contrôle sur l’association d’idée que le cheval fera. Pour exemple, imaginons qu’en concours, le cheval prend peur des pots de géranium en soubassement d’un obstacle et refuse de sauter. En conséquence, il reçoit un coup de cravache de son cavalier. Une semaine plus tard, en balade, le cheval pourrait croiser des pots de géranium et faire un écart. Pourquoi ? Une association d’idées possible pour le cheval est que croiser un pot de géranium aura pour conséquence de recevoir un coup de cravache, n’associant donc pas qu’il a en fait reçu un coup de cravache pour avoir refusé de sauter l’obstacle.

    mon cheval mord

    Si l’application d’une punition positive ne nous parait pas considérable, il vaut mieux alors ignorer le comportement du cheval. En effet, il est prouvé qu’un comportement qui n’est pas stimulé tendra à s’effacer de lui-même.

    Plusieurs pistes sont donc proposées ici pour désamorcer la situation d’un jeune cheval qui mord.

    Dans la relation homme – cheval, si notre tendance serait d’ajouter quelque chose de désagréable pour corriger un comportement non souhaité de notre cheval (punition positive), il est conseillé de rester clair avec le cheval sur ce que nous acceptons ou non. Attention donc à ce qu’il devienne évident pour lui que les morsures ne sont pas souhaitées, et à ne pas rentrer involontairement dans un jeu avec lui. Une autre idée si on ne veut pas punir le cheval sera plutôt d’ignorer le comportement que nous voulons voir disparaitre.

    Enfin, il est conseillé d’offrir à votre cheval la possibilité de bouger avec d’autres chevaux et de jouer avec eux. Si ce besoin est validé, il y a fort à parier que votre cheval ne tentera pas de vous substituer à un partenaire équin et le comportement n’apparaitra plus.

    TEMOIGNAGE

    « Bonjour claire suite a votre visite a la maison j ai suivi vos conseil car mon poney me mordait sans arret donc j ai decider de prendre un autre hongre de 12 ans et la stupefaction pour moi le comprtement a totalement changer plus de morsure et plus calme un ange donc tout ca tres bien et les 2 loulous s entendent bien et merci beaucoup de vos conseils »

    REFERENCES

    • Texte extrait d’une vidéo en direct par Claire Stevenaert, le 13/02/2021.
    • Retranscription par Alisson Godfroid, le 27/05/2021.
    Equitation comportementale