Sur base d’une étude de Léa LANSADE

Lorsqu’on s’adresse à un jeune enfant, nous adaptons instinctivement une autre façon de parler : un ton de voix plus aigu, des intonations différentes… Nombreux sont ceux qui s’adressent de cette même façon à un animal, y compris le cheval. Ces derniers sont-ils sensibles à la façon dont l’humain leur parle ? C’est sur cette question que les éthologues d’INRAE et de l’IFCE se sont penché et leurs résultats prouveraient que nous avons tout à gagner de nous adresser ainsi à nos compagnons équins.

En psychologie, la manière dont un parent s’adresse à son bébé porte le nom de « mamanais » ou « parentais ». Cela se caractérise par une voix plus aigüe, la variation de l’intonation de la voix, la répétition de mots… La science nous a déjà prouvé les bienfaits de ce langage sur les jeunes enfants : cela favorise la relation, stimule les apprentissages et a une véritable composante émotionnelle positive.

Grâce à d’autres études, nous savons également, d’un part, que les primates ou les chiens répondent eux aussi positivement à ce langage ; cela favorise leur attention et booste leurs capacités d’apprentissage. Chez l’animal, nous nommons cette méthode le « Pet- directed Speech », ou PDS. D’autre part, les recherches ont prouvé que le cheval est particulièrement sensible aux émotions humaines

L’équipe d’INRAE et de l’IFCE avait déjà expérimenté que les chevaux sont plus nerveux face à une expression de colère et plus détendus face à une expression positive, ils sont même capables de reconnaître ces expressions sur des photographies de visages humains. Toutefois, le PDS n’avait pas encore été étudié sur les chevaux à ce jour.

Une enquête préliminaire sur les réseaux sociaux démontrent que parmi 845 cavaliers et hommes de cheval, 93% parlent couramment le PDS à leur cheval et 44% pensent que leur cheval y est sensible.

Pour mesurer l’impact de ce langage sur le cheval, les éthologues ont réalisé deux tests avec 20 chevaux qui n’avaient jamais été exposé.

Le premier test consistait à caresser chaque cheval individuellement en leur parlant, soit d’un ton neutre (comme on parlerait à un adulte), soit en PDS.

Résultat : avec le PDS, les chevaux sont plus calmes, plus attentifs à l’expérimentateur et répondent à ses gestes de pansage.

Le deuxième test consistait à tenter de transmettre une information au cheval : la localisation d’une récompense alimentaire (communication référentielle). Expérimentateur et cheval se faisaient face, deux seaux fermés entre eux dont un seul contenait la nourriture. L’expérimentateur désignait le seau avec la récompense, que le cheval devait choisir, avec un mouvement du bras et en parlant en PDS ou d’un ton neutre.

Résultat : en PDS, les chevaux préfèrent choisir le seau que l’expérimentateur leur a indiqué, tandis qu’ils choisissent un seau au hasard face à l’utilisation d’un ton de voix neutre. Il semblerait donc qu’ils soient plus attentifs et comprennent mieux une intention ou une instruction grâce au PDS.

Cette étude nous montre que le langage utilisé pour parler aux bébés et qu’on emploie instinctivement avec nos animaux facilite effectivement la communication homme-cheval dans les interactions quotidiennes et que cela peut favoriser leur bien-être.

  • INRAE = institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. (https://www.inrae.fr/)
  • IFCE = institut français du cheval et de l’équitation. (https://www.ifce.fr/)

Une étude de Léa Lansade, 18/03/2021
(https://link.springer.com/article/10.1007/s10071-021-01487-3, le 28/04/2021)

Claire Stevenaert, Spécialiste en équitation comportementale, dite « éthologique », www.equi-claire.be

Equitation comportementale